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SYMPOSIUMS
Symposium 3 - Questions sociétales (1)
Le féminisme pour donner des ailes à nos pratiques systémiques
Que nous ont transmis les pères (et la mère) de la systémique alors que leur modèle était celui de la famille nucléaire américaine blanche de type patriarcal ? Est-ce les trahir que de remettre en cause la circularité, que de questionner le mythe de l’égalité effective dans les couples quand il s’agit de communication et d’interaction ? Ose-t-on parler de politique en psychothérapie, et comment ? Quel effet sur les transmissions et les apprentissages quand ce sont des hommes qui principalement écrivent, transmettent, enseignent et sont aux postes de pouvoir ? Qu’héritons-nous de nos mères, de nos grands-mères, de nos filles, des écrivaines et penseuses, de nos patientes pour enrichir le corpus systémique au profit à la fois des femmes et des hommes ?
Isabelle Philippe (CH-Neuchâtel) et Silvia Scotto Di Luzio (FR-Lyon)
Que peut le systémicien face à la transmission familiale des inégalités sociales ?
Toute une littérature sociologique montre que la famille est un lieu privilégié de transmission et de reproduction des inégalités sociales (intra et interfamiliales). Lors de cet atelier nous discuterons des concepts et outils cliniques permettant de traiter de cette problématique selon une éthique de justice sociale. Nous présenterons dans un premier temps la manière dont la notion de névrose de classe (cf. Vincent de Gaulejac) est utile au systémicien pour une meilleure compréhension du mode de transmission familial des inégalités sociales. Les loyautés invisibles, hontes et difficultés psychiques associées à la transmission d’appartenances sociales dévalorisées seront illustrées par des exemples cliniques. Nous proposerons également aux participant.es d’expérimenter des outils permettant de mieux intégrer ces questions à leurs pratiques.
Manuel Tettamanti (CH-Lausanne)
Faut-il brûler l’éducation positive et bienveillante ?
Tandis que les directrices de crèches se désespèrent devant des enfants qui ne savent plus s’endormir seuls, que l’état lui-même promeut la Parentalité Positive et Bienveillante, les parents, coupables par principe, interrogent avec angoisse, désespoir ou révolte, leurs moindres actes ou paroles.
Entre les accusations de maltraitance des uns et l’écroulement de la société prophétisé par d’autres pour cause de laxisme, la bataille fait rage entre les tenants et les opposants de ce courant éducatif.
Et si, après un rapide survol des théories et des principes qui fondent les différentes approches éducatives, nous nous mettions à hauteur d’enfant pour décrypter, plus sereinement, les messages que ce dernier reçoit au travers de nos réponses éducatives ?
Je propose d’analyser ensemble, à partir d’exemples concrets, l’implicite contenu dans chaque réponse…. ainsi que la carte du monde que nous, parents, dessinons pour eux.
Anne Berlioz Ruffiot (FR-Lyon)
Symposium 4 - Questions sociétales (2)
Les chemins bloqués de la transmission : quelques questions
Dans les sociétés traditionnelles, la transmission allait de soi de l'arrière vers l'après, de génération en génération, pour véhiculer la tradition, l'entretenir et en nourrir les suivants.
La Modernité a adopté le progrès et sa tension vers le futur. Les changements incessants qui en découlent rendent-ils obsolètes certains contenus de transmission. Y a-t-il dès lors réduction de la matière à transmettre ? La divination de l'enfant - qui en découle – nous proposerait-elle une transmission du futur vers le passé ? Quelle articulation possible entre les valeurs du passé et celles du présent ? Certaines théories et courants philosophiques fondant notre travail clinique, nous proposent une élision de la transmission (Constructivisme radical et Pragmatisme Américain) ? Comment concilier ces courants avec l’intérêt pour la transmission dans notre clinique ? Enfin, que deviennent les transmissions en provenance du paternel et du maternel, du masculin et du féminin à ce moment-ci de l'Histoire ? Y a-t-il place pour autre chose que la maternisation des liens ?
Bernard Fourez, psychiatre (BE-Bruxelles)
L’héritage culturel à l'épreuve de la modernité
Le cadre socioculturel africain présente une grande diversité en ce qui concerne la transmission. Nous allons revisiter certaines traditions et voir ce qui en reste actuellement. Dans ce contexte beaucoup du sens donné à certains rituels se perd, et les structures familiales permettaient l’exécution de certaines pratiques ont muté.
En considérant que l’appartenance est un besoin et en tenant compte de la loyauté qui y est attachée, la question est aujourd’hui comment actualiser ces valeurs qui représentent quand même un patrimoine à sauvegarder.
Fatou Waly Diop (SN-Dakar).
Les héritiers
Si nous sommes les dignes héritiers de la cybernétique alors nous pouvons que nous observer telle des boîtes noires communicantes et transmettantes. Et pour rester fidèle avec notre logique de la communication, l’auto-analyse systémique de cet héritage devrait dévoiler une relation stable qui a traversé le temps au-delà de la simple relation institutionnalisée du mot « systémique ».
Nos pères (et mères) des deux cybernétiques ont retenu l’option de deux communications distinctes qui rend, grosso modo, l’extra-boîte noire circulaire et l’intra-boîte a-circulaire. Traduit en pattern, cet héritage structure à la fois la relation externe comme la vision-division du monde interne selon une logique d’opposition et de frontière. C’est donc la mise en forme de cette relation originelle, qui est en grande partie à l’origine de l’hétéronomie de notre discipline qui fait que son application pratique ne fait, en résumé, que déplacer cette frontière, sans jamais remettre en cause cette mise en fond.
Il s’ensuit que l’enjeu de cette présentation consiste à conquérir des linéarités pour en faire des cas particuliers de circularités en s’appuyant sur la sociologue de Pierre Bourdieu, largement ignoré par notre discipline, alors qu’elle dévoile depuis des décennies les mystères de nos boîtes et les mécanismes d’invisibilisation des circularités originelles. Cet appel, se veut entre autres un hommage à cet homme et cette méthode qui peut, si nous l’adoptons, nous préparer un à-venir plus autonome et moins complaisant.
Thomas Will (CH-Genève)
Symposium 5 - Thérapie multifamiliale et équipe mobile en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent
Transmission horizontale et appartenance(s) en thérapie multifamiliale
À partir d’un retour d’expérience sur notre pratique de la thérapie multifamiliale, cette communication vise à montrer l’intérêt de l’utilisation de ce dispositif comme outil thérapeutique créateur d’appartenances réciproques entre grand groupe et familles. La réciprocité est au cœur de ce processus et convoque donc la transmission horizontale. En effet, l’absence de réciprocité entrave la transmission. Il devient indispensable de repenser nos modèles de soins en prenant en compte les mutations globales ayant affecté la traditionnelle transmission verticale. Cette communication visera à susciter une réflexion conjointe sur l’intérêt d’une transmission horizontale par imitation, et par questionnements, dans une dynamique relationnelle symétrique créatrice. En restaurant l’apprentissage organique par imitation et par différenciation grâce à des jeux collectifs avec des pairs, on vise à restaurer indirectement le sentiment d’appartenance intrafamiliale qui précède la nécessaire (re)construction d’une verticalité intégrée dès lors par le système. Pour conclure, nous veillerons à souligner l’importance de penser le va-et-vient nécessaire entre transmission horizontale et transmission verticale, ainsi que le trajet entre transmission horizontale et coconstruction institutionnelle.
Marie-Eline Guillet-Nicaisse et Jérôme Payen de La Garanderie (FR-Paris)
En route ! Les tribulations d’une équipe mobile dans leurs tentatives de maillages
« L’@tribu mobile » est une équipe mobile pluridisciplinaire de soins spécialisés en pédopsychiatrie. Elle est intégrée dans un réseau de santé intersectoriel et s’inscrit dans le cadre de la nouvelle politique des soins de santé mentale développée en Belgique depuis maintenant 7 ans.
Au travers de son champ d’intervention, elle se trouve au carrefour de multiples enjeux et transmissions. Tout d’abord, sur le plan institutionnel et socio-politique, où la complexité socio-clinique croissante se confronte au prisme de la rentabilité, de la productivité et de l’efficience. Ensuite, par le biais des rencontres au sein desquelles les trajectoires de soins et itinéraires de vie complexes viennent questionner les dimensions des liens et des identités à la fois chez les patients et leurs familles mais aussi chez les intervenants.
Dans cette perspective, les enjeux de ce maillage impactent indéniablement le fonctionnement de l’équipe mobile et nourrissent continuellement son identité. C’est dans ce contexte que l’équipe se questionne autour de ce processus de double transmission. D’une part, à un niveau vertical, comme acteur des politiques de soin. D’autre part, à un niveau horizontal, en tant qu’acteur social de soin.
Au cœur du système, dans l’intimité des lieux et au carrefour de ces transmissions, l’équipe tente ainsi de « s’utiliser » et de développer des outils pour mieux identifier et donc mieux comprendre le rôle qu’elle a à jouer. Et ce, dans un souci d’humilité, afin que chacun puisse se réapproprier sa capacité d’existence.
C’est de ce questionnement, de ce cheminement, à l’image d’une onde et de son écho sonores au sein de ces systèmes, à l’écoute de la clinique du terrain, que l’équipe souhaite faire part, dans ce qu’elle transmet, reçoit et donne aux patients et plus largement au système de soin.
Nicolas De Spiegeleer, pédopsychiatre, Laurine Leblois, Hind Ben Sellam, Aurélie Crossart (BE-Nivelles)
Thérapie multifamiliale dans les lycées
Le décrochage scolaire touche 1 % à 2 % des élèves sur l’ensemble de leur scolarité. Les familles d’adolescents décrocheurs s’épuisent pour que leur adolescent soit à nouveau scolarisé. L’accrochage au soin est tout aussi difficile. Il met les services de soins en pédopsychiatrie dans la même impuissance. La Thérapie multifamiliale en milieu scolaire que nous pratiquons est inspirée des méthodes développées par Eia Asen en Angleterre. Elle permet de réunir des familles, des enseignants et intervenants scolaires, ainsi que des soignants des services de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent sur le lieu scolaire. Les familles partagent leurs ressources. Elles passent du statut de parents stigmatisés à celui d’experts pour les autres familles. Fait non négligeable, l’inclusion des familles au sein des écoles les resocialise. Le Lycée sélectionne les familles que les équipes de l’établissement scolaire considèrent en grande difficulté. Nous organisons 6 sessions de 3 heures tous les 15 jours à partir d’un établissement sélectionné à l’avance. Notre expérience de TMF en milieu scolaire à Créteil en 2019 nous a permis de poser l’hypothèse qu’un tel dispositif crée les conditions optimales pour que l’adolescent et ses parents se réapproprient le plan de soin et ce en coordination avec l’école et les services de soin. Nous souhaitons discuter cette hypothèse avec le public et promouvoir l’intérêt des TMF en milieu « naturel ».
Rémi Bailly (FR-Paris)
Symposium 6 - Transmissions
La complexité de la transmission intergénérationnelle des rôles de genre dans la relation parent trans-enfant (ou Expériences et attitudes des parents trans binaires dans la socialisation du rôle de genre)
La transmission intergénérationnelle des rôles de genre dans les familles trans binaires reste un domaine sous-exploré. Cette étude, fondée sur une analyse thématique réflexive (Braun & Clarke, 2019), examine les récits de 15 parents trans binaires et met en évidence trois modèles de socialisation du genre : (1) favoriser une exploration authentique du genre, (2) reproduire des schémas cisnormatifs et (3) projeter les expériences parentales sur l’enfant. En mobilisant la théorie du stress minoritaire (Meyer, 2003) et celle de la transphobie intériorisée (Hendricks & Testa, 2012), notre analyse met en lumière les tensions systémiques qui influencent ces dynamiques.
Les résultats révèlent que les parents trans binaires oscillent entre résistance et adaptation aux normes de genre dominantes, naviguant entre leur propre parcours d’affirmation et leur rôle d’agent de socialisation du genre. La crainte de la discrimination amène certain.e.s à privilégier des choix conformes aux attentes sociétales, tandis que d'autres encouragent la fluidité et la diversité. Par ailleurs, l’internalisation des normes cisnormatives peut conduire à des projections involontaires des vécus parentaux sur l’enfant.
Les implications cliniques soulignent la nécessité d’un accompagnement thérapeutique adapté, favorisant une parentalité consciente et réflexive. L’approche contextuelle (Boszormenyi-Nagy, 1987) offre un cadre pertinent pour aider les parents à distinguer leurs propres besoins de ceux de leurs enfants, en renforçant leur capacité à naviguer entre protection et autonomie. À l’issue de cette session, les participant.e.s seront en mesure d’identifier les enjeux de la transmission du rôle de genre dans les familles trans et d’adopter des stratégies de soutien favorisant un environnement familial inclusif et affirmatif.
Nora Monnehay, Docteure en psychologie (FR-Paris), Denise Médico, professeure en sexologie, (CA-Québec-Montréal) et Nathalie Duriez, professeure en psychologie, (FR-Paris)
Le rôle méconnu du père dans le développement de l’enfant
Des études empiriques ont mis en évidence l’influence positive de l’implication du père sur le développement de l’enfant. Cet effet concerne aussi bien le langage, la sécurité émotionnelle, les apprentissages ou les habiletés sociales. L’éducation paternelle repose à la fois sur des comportements semblables à ceux des mères et sur des comportements spécifiques, qui gagnent à être mieux identifiés et valorisés. Ces connaissances sont utiles aux professionnels pour mieux rejoindre et inclure les pères dans leurs dispositifs.
Sébastien Dupont, Docteur en psychologie, thérapeute familial et responsable du Diplôme universitaire de thérapie familiale de l’Université de Strasbourg (FR-Strasbourg)
Et quand la transmission vient aussi des personnes en dehors de la famille d’origine
Dans ma pratique professionnelle en Service Résidentiel Général (Aide à la Jeunesse en Belgique), je me rends compte que les familles se sentent régulièrement seules. Elles ont l'impression que leurs proches ne sont pas personnes ressources. Cependant, elles ont, pour la plupart, des personnes ressources en dehors de leur famille d'origine. Personnellement, je suis très sensible à la place que nous pouvons donner à ces personnes dans notre travail familial. Nous avons tous connu une voisine, un ami de la famille ou autre avec qui nous avons de bons souvenirs. Quand nous pensons à cette personne, des odeurs reviennent, des scènes se rejouent, des mots résonnent, etc. Je pense important de pouvoir sensibiliser les familles à se reconnecter avec ces souvenirs mais aussi les transmettre à leurs enfants. Il s'agit là de sensibiliser ses enfants à ce qui a permis la construction du soi et ce, avec, aussi, des personnes autres que la famille d'origine.
Je pense souvent la personne dans son système comme une boule à facettes. Derrière chaque facette, se cache un souvenir, un vécu, une sensibilité, etc. Cette boule à facettes rayonne sur les membres de sa famille, sur ses enfants. Le reflet des facettes aide donc l'enfant à se construire ses propres facettes et ainsi, étoffer sa boule.
Laura Schotte, assistante sociale (BE-Ostiches)
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