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[ARGUMENTAIRE]
Transmettre: des racines et des ailes
Le terme "transmettre" vient du latin trans mittere qui signifie "envoyer au-delà". On retrouve la même signification en grec avec "μεταδίδωμι" (metadídōmi) – donner au-delà – et en sanskrit avec "prasarati" (प्रसरति) – propager, diffuser. L’important est alors le passage, le trajet d’une personne à une autre. Chez Cicéron, par exemple, il a nettement la signification de liens, de rapports.
Au Xe siècle, le terme mute et met l’accent sur « déposer ». Dès lors, l’important devient l’objet transmis aux dépens du trajet. La notion de mouvement, de processus, de passage, d’interaction est perdue. Cette évolution, pertinente lorsqu’il s’agit de biens matériels, l’est moins lorsque sont transmises des valeurs, des connaissances grâce au langage oral ou écrit. Il n’y a pas de transmission de contenu sans définition de la relation. Les auteurs d’Une logique de la communication l’avaient déjà mis en évidence, en énonçant le deuxième axiome qui distingue contenu et relation. Par ailleurs, les études sur la communication et sur la coconstruction de sens lors d’une discussion ont montré le rôle prépondérant du récepteur. Au fil du temps, le terme s’est décliné dans pléthore de champs: communicationnel, militaire, juridique, culturel, médical, pédagogique, sociologique, biologique, etc.
Qu’en est-il de ses usages dans notre champ? Sans doute ce terme recouvre-t-il ici bien des acceptions.
La transmission familiale bien sûr: modes d’interactions, scripts, styles, ambiance, valeurs, mythes, traumatismes dits ou non-dits, ressources, résilience, bref la culture familiale au sens large, en ce compris ses dimensions inter et transgénérationnelles, sans oublier génétiques et épigénétiques.
La transmission institutionnelle ensuite: sociétale, psycho-médico-éducative, notamment dans nos formations professionnelles.
Il existe de multiples trajectoires de la transmission:
Verticales: transgénérationnelles et hiérarchiques de haut en bas mais aussi de bas en haut. Nos patients ne nous apprennent-ils pas notre métier d’intervenant? Nos enfants et nos ados notre métier de parents, entre autres en nous offrant des resets/mises à jour permanentes?
Horizontales: entre pairs, dans la fratrie, entre collègues, une transmission de proche en proche, comme dans la migration des oiseaux avec leur intelligence collective.
Mais comment transmettre? Quels en sont les conditions, les ingrédients? Y a-t-il une transmission "saine" et une transmission "malsaine", dysfonctionnelle?
La transmission recèle une inévitable dimension politique, de la plus conservatrice à la plus progressiste, voire révolutionnaire. Quels sont les risques et les atouts d’un trop de transmission ou au contraire d’un manque de transmission? Quand l’héritage constitue-t-il une contrainte limitante ou au contraire un précieux bagage qu’on met dans son sac à dos pour affronter la vie et qui donne à la fois des racines et des ailes? Si la transmission porte en son sein la notion d’appartenance, elle ne se départit pas de celle de différentiation. Goethe écrivait: "Ce que tu as hérité de tes ancêtres, acquiers-le pour le posséder." Sans doute faisait-il référence au travail d’appropriation et de transformation nécessaire pour rester créatif, garder l’héritage vivant, adaptatif et éviter qu’il ne se sclérose. Boszormeny-Nagy et Catherine Ducommun-Nagy ont parlé de "trahisons nécessaires" pour réaliser ce travail actif de tri, de transformation chez celui qui hérite (les scripts intégratifs de Byng-Hall), même si bien souvent la transmission se passe d’intention consciente, tant chez l’émetteur que chez le récepteur et fonctionne par contagion, par mimétisme.
Qu’en est-il de notre transmission de la systémique? Peut-on parler de transmission de "fondamentaux" sans parler aussitôt de transformation évolutive? Respectons-nous notre épistémologie de transmission avec les PIOS, les apports des neurosciences, des nouvelles thérapies comme l’hypnose, l’EMDR, …?
Comment les institutions organisent-elles la transmission? Concrètement, avec quels outils et dispositifs? Face aux nombreux remplacements dans certaines équipes, comment gérer les "pannes" dans la transmission?
En quoi les nouveaux dispositifs technologiques et la virtualisation modifient-ils radicalement le processus et le jeu de la transmission?
À la différence de la rumeur ou du complotisme trans mittere, en tant que trajet, implique engagement, débat, controverse. Dans le contexte social, sociétal, environnemental actuel, ne convient-il pas de changer le paradigme de transmission pour simplement survivre? Au-delà des questions pratiques qui se posent à nous, ce congrès sera l’occasion de débattre, de complexifier, de travailler/malaxer une notion que nous utilisons couramment mais dont il serait intéressant d’interroger les usages implicites et explicites que nous en faisons.
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